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vendredi 11 septembre 2020

Avis : Le seul et unique Ivan de Katherine Applegate

Seuil éditions, 15 janvier 2015, 272 pages, disponible

au format papier et numérique

 

 

 

 

Ivan est un gorille, mais il n'a rien d'une bête sauvage. C'est un animal paisible qui vit dans un vieux centre commercial. Ivan s'accommode assez bien de sa condition. Il a ses amis : Stella, la vieille éléphante, Bob, le chien errant, et Julia, la fille du gardien. Il a la télé et, surtout, il a le dessin, car Ivan est un peu artiste. Autrefois, ses œuvres faisaient la joie des clients du centre commercial ; aujourd'hui, Ivan peint surtout pour le plaisir. Et pour ses amis.

L'arrivée de Ruby, une petite éléphante innocente et fragile, va changer sa vie. Bouleversé par sa tristesse, Ivan se fait une promesse : grâce à lui, elle retrouvera sa joie de vivre et aura une vie meilleure. Dès lors, il n'aura de cesse de trouver une solution pour quitter ce lieu perdu...


Ivan est un gorille, un "dos argenté" qui, depuis sa capture à l'âge de 2 ans - il y a 9855 jours, ce qui représente 27 ans, les gorilles comptant en jours - vit dans un centre commercial qui fait cirque en même temps.
Ivan est résigné à son sort, il ne se souvient d'ailleurs presque pas de sa vie "avant".

Ce qui lui pèse le plus est la solitude ! 
 
Bien sûr, il a des amis : Bob, le chien, Stella, la vieille éléphante, Georges, l'homme à tout faire et Julia, sa fille, une artiste, tout comme Ivan et la seule à comprendre ce qu'il dessine.
 
Car Ivan est un artiste et ses dessins se vendent bien au sein du centre commercial !
 
Mack est le propriétaire du centre, il aime ses animaux mais ne les comprend pas vraiment et les affaires ne marchent plus très bien ce qui le pousse à négliger ses animaux.
 
Mais une nouvelle venue est attendue, il est persuadé qu'elle pourra relancer l'activité défaillante du centre.
 
C'est ainsi qu'arrive Ruby, un adorable éléphanteau !
 
Stella la prend tout de suite sous son aile  et Ivan est ému par la détresse et la tristesse qui émane d'elle.

Il se fait alors une folle promesse : Ruby ne finira pas sa vie, comme lui, enfermée dans une cage.

Mais comment y parvenir lorsque l'on est un gorille qui n'a que ses dessins pour communiquer avec les humains ?

Ce récit est tout simplement bouleversant !
 
Il vise à sensibiliser les personnes sur la détresse animale, sur cette captivité qui ne devrait pas exister.
 
Le livre a été inspiré d'une histoire vraie, Ivan  a véritablement existé et, pendant 27 ans, a vécu dans une cage de 18m2 jusqu'au jour où, suite à un article paru dans le "National Geographic", le public découvrit la solitude de l'animal et ses conditions de captivité.
Sous la pression médiatique, il fut transféré au zoo d'Atlanta où il s'éteignit en 2012, à l'âge de 50 ans.
 

 

Ivan est tout simplement émouvant et d'une gentillesse immense ! 
Au fil des pages, nous suivons ce quotidien auquel il s'est résigné : se lever, déjeuner, amuser les visiteurs, dessiner et ainsi de suite 365 jours sur 365.
Mais l'arrivée de Ruby va bouleverser tout ça et il n'aura de cesse de tenter de changer le destin de l'éléphanteau.

Ici, nous n'avons pas affaire à un récit plein d'action, de rebondissements, de suspense, mais à une histoire poignante, triste mais pleine d'espoir et d'humanité.
Un plaidoyer pour la défense des animaux et leurs conditions de vie en captivité !
 

Impossible de ne pas prendre fait et cause pour ces animaux et la présence de Bob, le chien, apporte une petit note d'humour qui allège un peu la tristesse de leur condition. 

En bref, Le seul et unique Ivan est de ces films qui vous remuera jusqu'au plus profond de vous-même, vous serez émus par ces animaux plus humains que nous, par l'amitié qui les unit, par leur souffrance, leur tristesse mais aussi par l'espoir.
Et si - comme moi - vous versez quelques larmes, ce n'est pas grave, cela signifie que tout n'est pas perdu !


Découvrez la bande annonce du film




 

lundi 16 mars 2020

La cave aux poupées de Magali Collet

Taurnada éditions, 19 mars 2020, 211 pages, disponible au format papier et numérique








Manon n'est pas une fille comme les autres, ça, elle le sait depuis son plus jeune âge. 
En effet, une fille normale ne passe pas ses journées à regarder la vraie vie à la télé. 
Une fille normale ne compte pas les jours qui la séparent de la prochaine raclée monumentale... Mais, par-dessus tout, une fille normale n'aide pas son père à garder une adolescente prisonnière dans la cave de la maison.  



Attention ! Ce roman n'est pas à mettre entre toutes les mains, âmes sensibles s'abstenir !




Manon est une jeune femme de 22 ans qui n'est pas comme les autres. 
Narratrice principale de cette histoire, elle raconte en des termes enfantins et un vocabulaire un peu pauvre, son quotidien dans cette maison isolée dont elle n'est jamais sortie, auprès de son père maltraitant. 
Manon doit tenir la maison en parfaite petite femme et aider son père dans ses délires déviants.

Ainsi, elle doit s'occuper des jeunes filles captives que son père ramène dans sa cave afin d'assouvir ses fantasmes horribles, elle doit les nourrir, prendre soin d'elles, jusqu'à leur épilation ou la gestion de leur cycle menstruel et les maintenir en vie, sa propre existence en dépend. 

Un bien morne et effroyable quotidien dont elle ne veut et ne sait comment s'échapper...


Je pense que ce roman va me hanter quelques temps !

Ce n'est pas qu'un simple thriller, je le qualifierai de "dark thriller" ! 

Magali Collet touche ici à des sujets plus que sensibles, décrit des scènes que l'on ne voudrait pas avoir à imaginer, raconte une histoire que l'on voudrait complètement improbable...et elle le fait bien !

Tout est cohérent, et c'est bien cela le souci : le roman devient si réaliste qu'il en est gênant, retourne les tripes et donne des nausées... 

Attention, les scènes de viol ne sont pas explicitement décrites, mais l'ambiance générale est là, une sorte de climat terrifiant, horrifique, malsain. 
Et pourtant, on ne peut pas lâcher le récit. 
Pourquoi ? 
Peut-être parce que Manon, la narratrice - qui semble un peu arriérée - nous raconte une vie sur laquelle on ne peut fermer les yeux, parce que l'on a cette envie, cet espoir de lire que les choses se terminent bien, parce qu'on est poussé par une sorte de curiosité malsaine ...

Quoi qu'il en soit, la plume de Magali Collet m'a complètement happée et je n'ai pas pu stopper ma lecture, même si celle-ci était plus qu'angoissante…

Le personnage de Manon est fascinant : cette jeune femme qui s'apparente presque à une petite fille dans sa façon de s'exprimer, vit le pire qu'un être humain puisse endurer. 
Les coups, les humiliations, les viols...son quotidien ne se résume qu'à assouvir les infâmes fantasmes de son géniteur, "le Père", qu'elle protège malgré tout. Syndrome de Stockholm ou dévotion quasi religieuse ? 
En tout cas, son raisonnement est là : sa vie est une fatalité, il n'y a pas lieu d'y échapper… 

La télévision, qu'elle peut regarder lorsque son père part au travail, ne l'aide pas à réfléchir sainement. Ce qu'elle a déjà vécu et l'avilissement quotidien subit ne l'encourage pas... 
Difficile de la comprendre parfois, il faut creuser pour concevoir sa vision des choses, son instinct de survie dans cette vie qui n'en est pas une…

Sa rencontre avec Camille pourrait peut-être la sauver, au moins de la folie... ou pas ! 
Ce lien qui se crée entre elles est nouveau, les captives n'étant que des "meubles", cette relation oblige Manon à se poser des questions, à réfléchir sur sa condition, mais est-elle prête pour cela?

Bref, ce roman est une vraie torture psychologique. 
Il est horriblement bien écrit, me rappelant la qualité de Karine Giebel. L'histoire est captivante par sa monstruosité. L'auteure arrive à nous plonger en plein cauchemar, où la cruauté est reine. 
Et pourtant, j'ai adoré cette lecture traumatisante. J'ai eu des nausées, des envies de meurtres, j'ai été prise de colère, d'incompréhensions... J'ai été subjuguée par la personnalité de Manon, par l'histoire qui, bien qu'imaginaire, est criante de réalisme… « ça, c'est juste bien... »

Bravo Magali Collet, mes nuits vont rester hantées quelques temps par cette Cave aux poupées, « parce que c'est comme ça que ça marche »...
 







https://www.taurnada.fr/catalogue/thriller/lcapmc/



https://www.amazon.fr/Cave-aux-poup%C3%A9es-Magali-Collet/dp/2372580663/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=P5OM8YAZFNCV&keywords=la+cave+aux+poup%C3%A9es&qid=1584268552&sprefix=la+cave+aux+poup%C3%A9es%2Caps%2C157&sr=8-1&swrs=5F0B6A0F8EF167A8270BCAF3083DD5A2