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lundi 7 août 2023

Quelques secondes d'éternité de Jean-Luc Malbrunot


 City éditions, 24 mai 2023, 304 pages, disponible

au format papier et numérique

 

 

 

 

 

Depuis trois ans, Justine affronte le coma de Guillaume, son mari. Sa vie est désormais rythmée par les visites quotidiennes à l'hôpital. Malgré le silence. Malgré la peur de voir l'homme qu'elle aime s'éteindre à tout instant. Sa vie bascule le jour où elle apprend l'existence d'un traitement expérimental qui permettrait à Guillaume de rouvrir les yeux et de sortir de son coma. Seulement, cet espoir a un prix : son mari ne disposera que de 24 heures avant de retomber irrémédiablement dans sa léthargie. Impossible de refuser ce miracle, aussi bref soit-il. Pour elle, pour leur petite fille, elle accepte, bien décidée à vivre pleinement ces 24 heures. Une journée qui défilera comme un condensé de vie. Une journée où chaque seconde sera un instant de bonheur. Envers et contre tout.

 

 

Le docteur Vincent Dellecoste, jeune neurologue praticien hospitalier, arrive pour prendre ses nouvelles fonctions dans un hôpital de Lyon, sans savoir qu’il va vivre une expérience inhabituelle, unique, chargée en questionnement, avec l’un de ses patients.

La chambre 302 n’est pas occupée par n’importe qui : depuis 3 ans y survit un homme, presque un collègue - car médecin généraliste de profession - qui après un bête accident domestique, est plongé dans une sorte de coma. 

Si Guillaume Castelas semble éveillé, les yeux ouverts, son regard reste malheureusement fixé dans le vide et il n’a aucune réaction face aux interactions extérieures. Et des interactions, il y en a ! 

 Quotidiennement, son épouse, Justine, est à son chevet, lui amenant aussi sa fille de presque 4 ans, Elisa. Elle ne cesse de lui parler, d’essayer d’interagir et se refuse à penser que l’état léthargique de son mari restera permanent…

Un jour, l’espoir renaît pour Justine alors que le docteur Dellecoste, lui-même ayant fait quelques recherches, presque involontairement, porte à sa connaissance une étude réalisée sur des patients atteints du même état que Guillaume. 

Le Zolpidem est un médicament qui pourrait tirer Guillaume de son « sommeil éveillé ». 

Malheureusement, l’effet est éphémère : il ne peut durer que 24h sans possibilité de renouveler l’expérience. Difficile de prendre la décision de tenter l’administration de ce médicament : Vincent de son côté est tiraillé entre son envie d’aider Justine et son professionnalisme, Justine parait plus déterminée mais est-elle consciente des conséquences d’une telle expérience si elle venait à aboutir positivement ?

24 heures, c’est très court, cela ne rattrape pas trois années et cela ne permet pas d’organiser un avenir. Mais 24 heures, lorsque l’on aime, c’est aussi 1440 minutes de sérénité, d’émotions, d’espoirs…

 

Inspirée de faits réels, cette histoire est tout simplement bouleversante. C’est justement le fait que ce roman n’est pas une simple fiction qui lui donne une telle ampleur et le charge d’autant d’émotions.

L’histoire de Guillaume et Justine est une histoire que n’importe qui pourrait vivre. Elle est si crédible que le lecteur peut se substituer, imaginer, réfléchir, et se poser les mêmes questions que l’épouse qui attend vainement le retour de son mari, que le médecin qui veut aider sans trop s’impliquer…

C’est dur, c’est poignant, c’est réaliste.

Le tout est raconté avec pudeur, presque avec poésie. On va vivre l’expérience menée par Justine avec elle, on va retenir notre souffle, on va espérer, on va pleurer et sourire…

Cela paraît tellement dingue que l’on pourrait croire à un film de science-fiction tant les émotions des personnages sont palpables. 

J’ai été impressionnée par cette facilité de raconter, de faire vivre cette journée du 20 juillet et je souligne la magnifique plume de Jean-Luc Malbrunot en ce sens. Je ne m’attendais pas à ressentir autant d’émotions durant ma lecture.

Il ne s’agit pas là d’un roman « à dévorer », il faut l’apprécier, le savourer et en profiter pour se poser des questions sur soi-même. Oserions-nous prendre les mêmes décisions que Justine ? Comment réagir à sa place ? Le docteur Dellecoste a-t-il eu raison ? A-t-il failli vis-à-vis de sa profession en cédant à ses convictions ?

Alors, si vous avez besoin d’une petite pause dans un marathon de lectures « faciles », si vous avez envie de sortir un peu de votre zone de confort, de découvrir un nouvel univers littéraire un peu particulier, je ne peux que conseiller cette lecture. Vous n’en ressortirez pas sans réfléchir, sans regarder votre conjoint/e de la même manière, vous ne pourrez pas vous empêcher de vous demander « si c’était moi… Qu’aurais-je fait ? ».






 

mardi 18 mai 2021

S'il fallait se dire adieu de Madeleine Reiss

 

 Éditions Hauteville, 7 avril 2021, 432 pages,
disponible au format papier et numérique 



Scott souffre d'une insuffisance cardiaque et ses derniers examens ne sont pas bons... Mourir à 19 ans, le jeune homme s'y prépare, mais d'abord, il est déterminé à offrir à sa mère une seconde chance en amour et se lance pour elle dans la quête de l'homme idéal en postant une vidéo sur les réseaux sociaux. Ignorant tout de son projet et incapable de refuser quoi que ce soit à son fils, Josie accepte les rendez-vous et va de déconvenue en déconvenue. Or, ce que Scott ignore encore c'est qu'il ne peut pas prévoir l'imprévisible.

 


Scott, 19 ans, étudiant en biologie à Londres après avoir grandi à Alnwick, passionné de faune marine et sa préservation, n’est pas un étudiant comme les autres. 

Même s’il n’a jamais connu son père, là n’est pas sa particularité. 

Scott, atteint d’une maladie cardiaque, a dû se faire greffer un cœur à l’âge de 8 ans et vit au rythme des examens médicaux. 

Dans ce contexte, sa mère, Josie a eu bien du mal à le laisser voler de ses propres ailes, voici 3 mois, pour ses études, et ce n’est pas son emploi de responsable dans un magasin de literie dans sa petite ville qui arrive à lui changer les idées. 

Mais Scott va rapidement revenir vers elle. La cause ? 

Ses derniers examens médicaux ne laissent rien présager de bon quant à sa santé. Et Scott, en fils aimant, ne peut se résoudre à l’idée de mourir en laissant seule sa mère. 

Lui vient alors l’idée, aidé par son amie Emily, de diffuser une vidéo de sa mère, accompagnée d’un message type « annonce matrimoniale » afin de recruter le compagnon parfait qui saura l’épauler et l’aider à surmonter le possible décès de son fils.

 

Madeleine Reiss touche ici à un sujet tabou : la mort. 

Pire encore, la mort d’un jeune homme qui essaie, pour oublier son propre destin, d’organiser celui de sa mère qu’il ne souhaite pas imaginer se retrouvant seule à pleurer.

Scott est un garçon touchant. Fataliste, extrêmement mature malgré son âge, les difficultés qu’il a rencontrées dans la vie l’ont fait grandir bien vite. 

Il est conscient de tout et tellement altruiste qu’il pense aux autres avant même de profiter de la vie lui-même. Si certaines de ses réflexions intérieures peuvent tordre le ventre, à aucun moment on ne tombe dans la demande de pitié. Scott peut mourir, comme chacun d’entre nous, lui certainement plus rapidement. 

Il le sait, et souhaite organiser un avenir pour sa maman qui lui a consacré 19 ans de son existence.

Josie est une femme forte. Elle a élevé un enfant malade seule, ne s’accorde pas vraiment de bon temps, seul son fils compte. C’est une maman, tout simplement. Et elle va jouer le jeu, pour son fils, enchaînant des rencontres farfelues, ne sachant pas bien où Scott veut en venir, la distrayant afin qu’elle ne pense pas aux difficultés futures. 

Elle va juste continuer à être une « maman », simplement, et garder ses angoisses pour elle, en acceptant que son fils soit maintenant un adulte, qui pense et agit par ses propres moyens et prend ses décisions.

L’histoire de fond peut paraître triste, un peu mélodramatique… Et pourtant ! 

En effet, certains passages ne sont pas gais, mais ils sont facilement entrecoupés de moments de joies, de rires, d’optimisme. Il ne s’agit pas là d’une ode à un mourant, mais bien d' histoires d’amour magnifiques.

Pourquoi le pluriel ?

Parce qu’il s’agit avant tout de l’amour d’un fils pour sa mère, mais bien plus encore à découvrir au fil du roman.

Parfois, des scènes un peu contemplatives et des souvenirs peuvent paraître un peu longs à la lecture, il n’en reste pas moins que ce roman est d’une profondeur assez rare, délicat malgré son sujet difficile à aborder.

Bref, l’histoire tourne autour de l’idée de la mort, et surtout de l’appréhension du deuil qui s’en suit, le roman n’est peut-être pas à mettre entre toutes les mains, certaines personnes pouvant en être plus affectées. 

Cependant, « S’il fallait se dire adieu » reste avant tout un roman d’Amour avec un grand A, ou plutôt un roman « des Amours ». Une belle histoire malgré tout, pleine de notes positives et surtout, dont on peut tirer des morales somme toutes personnelles.

 


 



jeudi 29 avril 2021

My rules de Anita Rigins

 

Éditions Addictives, 15 varil 2021, 369 pages, disponible 

au format papier et numérique

 

 

 

 


Que la chasse commence ! 

 En intégrant les Pure Spirits, Rose Hoffman accepte les règles et le cadre strict établis par cette sororité. Mais lorsque Tayron « T-J » Price débarque dans sa vie en manquant de l'écraser, ce nouvel équilibre vole en éclats. Membre de la Meute, une fraternité qui ne jure que par la fête et les excès, Tayron représente tout ce que Rose déteste et un interdit qu'elle ne veut surtout pas transgresser. Avec lui, plus aucune règle, sinon les siennes... et ça, c'est bien trop dangereux pour la jeune femme. Mais pas de chance, Tayron est décidé à la prendre en chasse : il a vu le feu qui se cache derrière ses airs de fille sage, et il ne compte pas s'arrêter avant de voir Rose s'enflammer. Même si, pour cela, ils doivent brûler tous les deux...

 


Rose Hoffman est étudiante en 2ème année de biologie et a intégré la sororité « Pure Spirits », où les règles sont strictes : pas de fête, pas de débordement, du travail et du sérieux. 

Tout ce qui convient en somme à Rose qui est une jeune femme plutôt renfermée sur elle-même, qui se sent vide de l’intérieur après avoir vécu des drames l’année précédente.

Sa rencontre avec son parfait opposé, Taylor Junior Price (alias TJ) va un peu la chambouler : ce gars imbu de lui-même, meneur au sein de la fraternité « La Meute » où la règle principale est justement : « Pas de règle » et sans trop que Rose ne comprenne trop pourquoi, ce bad boy n’aura de cesse de la chercher, la provoquer, alors qu’elle, cherche à tout prix à l’éviter.

Le souci, c’est que parfois le destin peut jouer de sales tours et Rose va être obligée de supporter, et pire, de côtoyer régulièrement TJ. 

Difficile de voir son quotidien réglé à la minute complètement chamboulé par la tornade TJ !

 

Après « No Rules », cette fois-ci, Anita Rigins nous fait découvrir l’histoire de Rose et de TJ, 2 jeunes personnes complètement brisées qui semblent avant tout survivre dans une vie qu’ils n’ont pas choisie.

Ce roman est éblouissant dans les leçons de vie qu’il aborde et les personnages ont bien des choses à nous apprendre.

Rose est une jeune femme qui n’a pas connu une vie trop difficile jusqu’au jour où … elle n’a pas réussi à surmonter ses fantômes et tente, tant bien que mal, de ne pas trahir la promesse qu’elle a faite à son père : recommencer à vivre. Dans un monde de faux-semblants qu’elle s’est construit autour d’elle, elle patauge, tout en étant consciente que beaucoup de choses ne vont pas. Son amie Isaa essaie de l’aider, mais seule sa volonté personnelle lui permettra d’aller vers l’avant. Il lui faut juste le « déclic »

Tayron, bien que fort et rebelle dans son attitude, n’est pas moins fragile au final. Il traîne ses casseroles, il tente à sa façon de se forger une image, pensant que l’extravagance en tout point et les excès l’aideront. Ce n’est pas nécessairement la meilleure des solutions mais laissons-lui le bénéfice du doute.

 

La rencontre entre ces 2 personnages, diamétralement opposés, va nécessairement être explosive et créer de nombreuses étincelles. TJ ne peut s’empêcher de provoquer Rose, qui elle, malgré sa timidité, va sortir de sa réserve pour l’envoyer bouler à sa manière. Après, on ne peut pas lutter contre le courant électrique qui nous attire vers quelqu’un…et puis ne dit-on pas que les opposés s’attirent ?

L’histoire au début ne me semblait pas des plus originales, j’avais peur de tomber dans le cliché habituel : jeune fille timide qui rencontre et craque pour le bad boy de service. 

Mais j’avoue avoir été complètement chamboulée par les rebondissements en tout genre qui jalonnent l’histoire. Je ne pensais vraiment pas que le roman prendrait cette tournure. De plus, à aucun moment Anita Rigins nous inflige le côté « super mec qui est un héros et sauve la gentille nana », au final, on note une parfaite égalité dans les personnages, chacun est une sorte d’antidote pour l’autre, chacun avance à son rythme, les deux s’apprivoisent mutuellement, utilisant sa propre manière de faire.

Pas de chamboulement « gros ours devient petit doudou », autant Rose que TJ conserve sa personnalité propre jusqu’au bout.

La plume de l’auteure est entrainante, fluide, l’histoire coule doucement mais sûrement sous les yeux du lecteur.

Les problèmes abordés sont complètement contemporains, on peut parfaitement s’imaginer les vivre, ce qui rend les émotions encore plus présentes.

C’est une belle histoire, une histoire d’acceptation de soi, de l’autre, de son propre passé. C’est une jolie note d’optimisme aussi et une sorte de refus de la fatalité. C’est aussi une jolie leçon sur la violence en général, sans pour autant être un discours moralisateur.

La dédicace de l’auteure en début de roman m’a tordu le ventre… C’est si vrai et si bien dit !

Et je prends le temps de noter ici un passage du livre que j’ai trouvé particulièrement poignant 

« Je ne pense pas que ton âme soit détruite. Peut-être qu’elle est un peu cassée ? Mais je suis sûre qu’un jour, quelqu’un t’aidera à recoller les morceaux ensemble. Alors, tu seras de nouveau entière. »

 

Bref, voilà un roman à lire, à comprendre, à vivre. Une magnifique histoire qui part du sombre pour aller vers le meilleur.