mercredi 16 novembre 2022

Brussailes de Eléonore Devillepoix

 

Hachette éditions, 12 octobre 2022, 288 pages, disponible 

au format papier 

 

  

À Brussailes, depuis le printemps, des œufs se volatilisent. Le Parlement des Oiseaux décide de tirer au clair ces disparitions mystérieuses. La mission est confiée à un trio bigarré : Jaboterne, un pigeon lunaire, Sept, une corneille acariâtre, et Chantperdu, un rouge-gorge tapageur.

En huit jours, d'un bout à l'autre de la ville, cette équipe improbable va devoir résoudre l’affaire… quitte à y laisser des plumes.

 

Avant de parler du contenu du roman, je me dois de parler du contenant.

C'est un très bel ouvrage, aux illustrations qui le sont tout autant et une cover à laquelle l'image ne rend pas du tout justice.

Passons ensuite à l'histoire !

Au coeur de Brussailes, suite au vol d'œufs, la communauté des oiseaux décide de composer une équipe de trois oiseaux d'espèces différentes (pour l'impartialité) afin de mener l'enquête. 

Bien que pour certains, nul doute que les coupables soient les perruches - ces oiseaux aux allures exotiques, qui n'ont rien à faire là - certains comme les rapaces ne sont pas d'accord pour les accuser sans preuves.

Étrange de la part de ces volatiles qui sont, en général, plus prompts à se battre qu'à temporiser mais ces derniers poursuivent un but dont je ne dirai rien !


 

Cette équipe sera composée de Sept, une corneille au sale caractère, imbue d'elle-même, de Chantperdu, un rouge-gorge agité, une vraie pile à ressort et Jaboterne, un pigeon tout ce qu'il y a de plus commun, introverti et pas très fute-fute comme on dit chez nous. 


Voilà notre trio improbable parti accomplir sa mission....enfin.... tenter d'accomplir leur mission car, dans l'ombre, certains volatiles ont pour tâche de la saboter. 

Pourquoi ?

À vous de le découvrir !

Dans ce trio, Jaboterne est une bonne pâte qui fait tout ce qu'on lui dit de faire sans discuter et est  particulièrement maladroit ce qui donne lieu à quelques scènes amusantes.

Sept va s'imposer très rapidement comme la cheffe de l'équipe et Chantperdu est un peu le casse-cou du groupe !

Cette société d'oiseaux  se rapproche sous beaucoup d'aspects de celle des humains. 

Ils méprisent ce qui est différent comme les perruches qui, en tant qu'espèce étrangère, n'ont rien à faire là  et considèrent certaines espèces comme inférieures comme les pigeons qui sont banals et qui côtoient les humains.

Sauf que lorsqu'ils auront besoin des pigeons, leur avis sera tout autre ! 

Nous découvrons des expressions agrémentées à la sauce "oiseaux" :

Œuf pour œuf, bec pour bec. (oeil pour oeil, dent pour dent)

Monoiselle, Mesoiseaux (Mademoiselle, Messieurs)

Ça vole (ça marche) 

Lorsque j'ai découvert le titre du roman, je me suis dit : tiens, Brussailles ressemble un peu à Bruxelles (je suis belge) mais je n'y ai pas accordé plus d'attention que cela.

Aussi, quelle fut ma surprise lorsque j'ai découvert de nombreux lieux propre à Bruxelles : Parc Léopold, rue Belliard, place Flagey, la forêt de Soignes, la place du Jeu de Balle ainsi que ces quelques mots typiquement belge : brol, klet et, de plus, qui y a-t-il de plus belge que les frites ?


 

L'auteure exprime si bien le ressenti des oiseaux, leur vision du monde, que c'est à se demander si elle n'a pas vécu quelques temps dans la peau et les plumes de l'un d'entre eux !

Parlons aussi de ce trio improbable et qui finira par se lier d'amitié !

Car, à la base, dans la société des oiseaux, il est impensable que des espèces différentes s'entendent, et pourtant ....

Sept, Chantperdu et Jaboterne vont vivre leur lot d'aventures et de péripéties en tout genre et vont se découvrir un courage qu'ils ne pensaient pas posséder et nous découvrirons avec beaucoup d'intérêt l'origine de leur nom.

Et j'avoue que je ne vois plus la vie des pigeons et des oiseaux en général du même œil. 

Ce roman ne raconte pas qu'une histoire d'oiseaux, il nous fait réfléchir - par l'intermédiaire de ces volatiles - à notre attitude vis à vis de ceux qui sont différents, des aprioris qui nous habitent, de l'importance de l'entraide et qu'avec de la volonté, rien n'est impossible !

Je ne pensais pas que j'aurais tant à écrire sur ce roman qui semble, à première vue, très simple mais qui est, en fait, beaucoup plus complexe qu'une simple histoire de vol d'oeufs !

Et une mention spéciale pour toutes les petites anecdotes explicatives qui accompagnent le texte. Certaines sont particulièrement savoureuses. 

C'est un livre plein de belgitudes que j'ai adoré ( pas que pour ça, bien sûr) 

Du coup, je me suis intéressée à cette histoire de perruches et l'origine de leur arrivée. 

Pour cause de fermeture en 1974 d'un parc d'attractions, le directeur n'avait rien trouvé de mieux que de relâcher dans la nature, sans réfléchir aux conséquences futures, une cinquantaine de perruches. Un nombre qui, à l'heure actuelle, est monté à plus de vingt mille spécimens !


 

En bref, Brussailes est un roman qui m'aura fait réfléchir sur notre société grâce à la découverte de celle des oiseaux si semblable à la nôtre (ils ont même des Tanguy chez eux !). J'ai pris un grand plaisir à la lecture et ressenti beaucoup d'émotions à travers ces pages et j'ai même eu, à un certain moment, la gorge nouée et les larmes aux yeux !




 

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