jeudi 3 mars 2022

Moi, le quota: Itinéraire d'une salariée en situation de handicap invisible de MAK

Auto-édition//Broché 220 pages//22 janvier 2022





« Je ne pensais pas revivre en entreprise ce que j’ai vécu dans la cour d’école ». 
Mak est une jeune battante de 39 ans, née avec une maladie génétique rare. Elle témoigne du harcèlement et de la discrimination qu’elle a subi en entreprise, la menant à un burn out en 2020. De cet enfer, elle en ressort plus forte que jamais pour rompre l’omerta qui règne dans les entreprises publiques et nous livre, ici, une véritable remise en question de la place du travail dans nos vies.
Ce livre est un cri, une voix qui s’élève pour que d’autres brisent le silence à leur tour.




Une fois n’est pas coutume, je me suis lancée dans la lecture d’un témoignage. Pas n’importe lequel, pas de n’importe qui non plus.

« Moi, le quota », c’est l’histoire de MAK (Marie-Aude de son petit nom), une jeune femme de 39 ans, originaire de Cherbourg, qui, dés la naissance allait devoir se battre dans la vie.

Atteinte d’une dysplasie ectodermique, qui se caractérise pour son cas personnel par une rare pilosité (et notamment des cheveux blancs très fins et très courts), ainsi qu’une absence de développement de certains organes, MAK, entourée de sa famille et de nombreux amis, a su déjà toute petite assumer sa maladie et le physique particulier qui en découle. Là n’est pas le cœur du problème à vrai dire, le regard des autres n’est pas un souci pour elle qui respire la joie de vivre. Son handicap au final, n’est pas visible : à l’âge de sept ans, elle a dû subir une greffe après que les médecins lui ont eu découvert une atrophie rénale, conséquence directe de sa maladie génétique rare. Une fois le rein de son papa greffé, une nouvelle vie pouvait commencer, certes, exempte de longues cessions de dialyses, mais rythmée par les contrôles médicaux, la prise quotidienne de nombreux médicaments et tous les problèmes inhérents aux greffes en général, et à la greffe de rein en particulier.

Cela n’a pas empêché MAK de réussir brillamment ses études supérieures, la menant au grade de cadre en communication. Et c’est lors de son entrée dans la vie active que la question de la RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé) s’est posée. Bien malgré elle, MAK a dû se résoudre à déposer son dossier et se voir attribuer sa RQTH. Les entreprises devant se doter d’un certain « quota » de travailleurs handicapés au sein de leurs salariés, MAK étant diplômée et plus compétente que la moyenne dans son domaine, elle a pu intégrer une grande entreprise… et ses soucis ont alors commencé.

Très rapidement, elle va rencontrer des problèmes, avec des collègues mais surtout sa hiérarchie. Même en changeant de postes tout au long de sa carrière, en essayant de trouver des solutions pour arranger tout le monde, en oubliant parfois sa propre santé, les faits sont là : le monde du travail n’est pas prêt à reconnaître son handicap invisible, à faire en sorte qu’elle puisse travailler sereinement dans les meilleures conditions possibles. Le harcèlement… La discrimination… Les bassesses de la part de sa hiérarchie sont nombreuses, au point que MAK va vivre un véritable Burn-Out la conduisant à un repos forcé… S’en suive nécessairement un sentiment de culpabilité, puis de la colère face à ces injustices. MAK prendra le temps mais rebondira ! La comédie et le One Woman Show « Comme tout le monde… à un poil près ! » qu’elle joue sur les scènes françaises depuis 2018 l’y aideront certainement…

Marie-Aude, par son témoignage nous livre un cadeau précieux en nous racontant sa vie depuis l’enfance, son quotidien. Un « parler vrai », teinté souvent d’humour, qui prend aux tripes. Car si MAK ne se définit pas comme écrivaine, force est de constater qu’elle possède une facilité à faire passer maintes émotions au fil des lignes. Raconter son vécu n’est pas un exercice simple, faire ressentir les choses l’est encore moins, et pourtant, MAK y parvient sans aucune difficulté. En lisant ce livre, j’ai été en colère, j’ai eu les larmes aux yeux, j’en ai eu mal pour elle aussi… Pourtant, à aucun moment on ne tombe dans une complainte, non, MAK n’est pas une femme qui se plaint. Elle veut juste pointer du doigt les difficultés rencontrées, trouver des solutions, en proposer aussi, bref, donner un coup de pied dans tout ce petit monde injuste qu’est la vie en grande entreprise pour un travailleur handicapé, le tout en balançant une grosse claque au lecteur 😉

Ah, c’est sûr, ce livre-témoignage nous fait sortir de notre zone de confort, oblige à se rendre compte que la vie n’est pas rose et que l’humain peut parfois se montrer abject, en toute impunité en prime, et c’est là que MAK tape fort. Elle nous oblige à ouvrir les yeux sur des situations quotidiennes que vivent des milliers de personnes en France, des problèmes qui pourraient trouver des solutions si seulement quelqu’un prenait la peine de s’interroger et de se rapprocher des principaux concernés afin de pointer réellement du doigt les difficultés que rencontrent les travailleurs handicapés. Le législateur devrait prendre conscience qu’au-delà d’un quota, les travailleurs handicapés sont des personnes à part entière, avec des particularités que l’on ne peut ignorer.

Pour ma note, je ne vais pas juger l’histoire de Marie-Aude bien entendu. Cependant, pour la qualité d’écriture, les émotions transmises, l’authenticité et la sincérité employées par l’auteure, je ne peux que mettre la note maximale et une mention coup de cœur 💗

Un conseil, ne passez pas à côté de ce livre, un témoignage fort et vrai, un de ceux qui fait réfléchir 😉 N’hésitez pas à sortir de votre zone de confort et à découvrir la vie de MAK. Comme elle le dit si bien elle-même : « Prends ce livre comme un appel du pied. Peut-être te reconnaîtras-tu ? Sache que tu n’es plus seul. Reconnaîtras-tu un ou une collègue ? Parles-en autour de toi car aujourd’hui, plus nous serons à parler, plus notre voix portera ! »










 

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