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mercredi 16 mars 2016

Ce qu'il nous faut c'est un mort d'Hervé Commère

Éditions Fleuve Noir, Broché 400 pages, 10 mars 2016
Disponible en eBook



Trois garçons pleins d'avenir roulent à flanc de falaise.
C'est la nuit du 12 juillet 1998, celle d'I will survive. Ce que la chanson ne dit pas, c'est à quel prix. Les Ateliers Cybelle emploient la quasi-totalité des femmes de Vrainville, Normandie. Ils sont le poumon économique de la région depuis presque cent ans, l'excellence en matière de sous-vêtements féminins, une légende – et surtout, une famille. Mais le temps du rachat par un fonds d'investissement est venu, effaçant les idéaux de Gaston Lecourt, un bâtisseur aux idées larges et au cœur pur dont la deuxième génération d'héritiers s'apprête à faire un lointain souvenir. La vente de l'usine aura lieu dans l'indifférence générale. 
Tout le monde s'en fout. Alors ce qu'il faudrait, c'est un mort. 
De la corniche aux heures funestes de Vrainville, vingt ans se sont écoulés. Le temps d'un pacte, d'un amour, des illusions, ou le temps de fixer les destinées auxquelles personne n'échappe.


***Merci à Fleuve éditions pour cette lecture***

Un accident de voiture au milieu de la nuit, une naissance, le grand amour ou un viol, qui sait comment les choses arrivent ? Peut-être que tout ce qui va suivre n’est dû qu’à trois petits buts : nous sommes le dimanche 12 juillet 1998 au soir et, depuis quelques heures, la France est championne du monde de football.
Pour des raisons différentes, cette date va se graver dans les esprits de chacun des personnages de cette histoire. Ce qui se passera dans dix-huit ans dépend absolument de ce qu’ils vont vivre maintenant. Pour une jeune fille qui marche seule dans Nancy, rien ne sera plus jamais beau. Pour un jeune homme noir, athlétique et sans faille qui entre en discothèque en banlieue parisienne, cette nuit est celle où, à la surprise générale, à commencer par la sienne, il va se laisser dompter. En Normandie, près de Dieppe, pour l’instant occupés à se servir de grands verres de vodka, trois étudiants vont briser leur amitié, ainsi que leur avenir. Plus au sud, dans le Var, un bébé va venir au monde.

Cette nuit du 12 juillet 1998 changera à tout jamais la vie des héros de cette histoire. Si on aime un tant soit peu le football - ou pas du tout - on a tous le souvenir de ce qu'on faisait ce jour-là. Pour nos héros aussi cette date restera à jamais dans leur mémoire, mais pour d'autres raisons.

Lorsque j'ai choisi cette lecture, je n'ai pas lu le résumé, c'est juste le nom de l'auteur qui m'a embarqué. Et pourtant je n'ai lu aucun autre titre de lui, pour moi, c'est une découverte. Et quelle découverte ! Je n'ai pas souvenir d'avoir lu un livre structuré de cette façon.
L'auteur nous spoile, nous dit dès le départ ce qui va arriver à tel ou tel personnage. Là, où c'est énorme, c'est que l’intérêt du récit réside dans le pourquoi du comment, le personnage va en arriver là. 
Marie Damrémont remplit un verre d’eau pour celui qu’elle aime bien sans rien savoir de lui, et lui rugit intérieurement. Il va la frapper, elle va crier, il va lui marteler que les appartements voisins sont vides, les gentils étudiants pleins d’avenir sont tous chez leurs parents, il va arracher ses vêtements, son manteau léger trop femme, sa culotte Cybelle, il va la forcer, son sexe dans sa bouche en la tenant par la nuque, lui prendre les mains, les cuisses, tout lui faire pendant une demi-heure interminable et la laisser hagarde, du sperme et du sang plein ses larmes, recroquevillée sur le sol en la traitant une dernière fois de pute avant de déguerpir.
Le verre d’eau est rempli. Marie Damrémont se retourne vers lui.

 
Vous suivez ? Cela a l'air compliqué, mais une fois plongé dans l'histoire, c'est saisissant.
Hervé Commère réussit l'exploit de nous passionner pour la vie d'un petit village normand, Vrainville, qui a vu naître les ateliers Cybelle, une fabrique de lingerie féminine. Dans ce livre divisé en huit parties, nous sommes les témoins de la vie et des secrets des Vrainvillois qui dépendent tous entièrement des ateliers Cybelle. Même si en 1998, les personnages vivent dans différents points de France, ils se retrouveront, à un moment ou un autre rattachés à Cybelle. 

Je m'attendais à un thriller noir, sombre, avec  des morts partout et je me retrouve avec un roman social, certes noir, mais pas de cadavres ou alors, si peu...
Un livre passionnant mais que pourtant, j'ai mis plusieurs jours à lire. Non pas par lassitude, mais il y a tellement de personnages complexes, et le récit est structuré de telle façon que cela me demandait une concentration maximum pour ne rien lâcher de l'histoire. J'ai dû parfois revenir en arrière, car mon esprit avait tendance à s'échapper vers d'autres points d’intérêt, surtout dans les deux dernières parties qui m'ont semblé un peu longues, d'où ma note de 4.
Pour conclure, une intrigue passionnante, des vies qui s'entrecroisent dans ces ateliers Cybelle (qui n'est pas sans rappeler les ouvrières de l'usine  Lejaby) que nous voyons naître grâce à un reportage télévisé et tellement bien narré par l'auteur qu'on se croirait devant notre poste télé. Et finalement ce qu'il fallait à Vrainville c'était bien un mort...





Ce livre est un service presse
 https://www.facebook.com/fleuve.editions/?fref=ts

 





samedi 13 juin 2015

Le Fossoyeur de Adam Sternbergh

éditions Denoël, parution 13/05/2015, 272 pages, format papier disponible ici et numérique ici
Traduit de l'anglais par Florence Dolisi


"Tous les cimetières sont pleins, depuis longtemps."

Il se fait appeler Spademan, le Fossoyeur, presque un nom de super-héros. Vous ne saurez jamais son vrai nom. Il a été éboueur. Un jour, il a trouvé un bébé dans un sac-poubelle. Quelques années plus tard, sa femme est morte dans la série d’attentats radioactifs qui a vidé New York de ses habitants.

C’était il y a longtemps : une autre vie.
Maintenant, Spademan est tueur à gages. Il est resté dans les ordures, mais son salaire a considérablement augmenté. Il n’est pas sexiste : homme, femme, il s’en fout. Vos raisons, il s’en fout. D’ailleurs, le fric aussi il s’en fout.

Et quand on lui demande de tuer la fille du richissime prédicateur T.K. Harrow, une gamine qui vient tout juste d’avoir dix-huit ans, il n’y voit aucun problème. Mais dans la toile de Harrow, pour la première fois de sa sinistre carrière, Spademan n’est pas la plus grosse araignée. 


Merci aux éditions Denoël pour ce service presse.

Spademan est LE Fossoyeur, c'est à dire qu'il est tueur à gage alors que dans une autre vie, qu'il préfère oublier, il était éboueur.
Spademan est un tueur à gage qui élimine qui on veut (sauf les enfants ! Faut pas pousser quand même ^^), il tue sans aucun état d'âme.
Dans un New-York post-apocalyptique qu'une série d'attentats a complètement dévasté, Spademan fait son boulot vite et bien jusqu'au jour où un petit grain de sable du nom de Persephone vient enrayer la machine... et le chasseur devient la proie.

Cette lecture est surprenante, pas facile de la résumer et de la chroniquer tant le monde dans lequel se déroule le récit est très éloigné de notre monde actuel tout en en étant encore très proche. Déjà, s'imaginer dans un New-York dévasté n'est pas facile bien que l'auteur nous le dépeint d'une façon très réaliste. Une ville donc désertée, contaminée et où le rêve virtuel règne en maître.

J'ai eu un peu de mal à comprendre ce qu'était les enlimnés car on nous en parle dès le début mais le voile est levé plus loin. Parfois, lors de la lecture, on ne se rend pas toujours compte qu'un dialogue est en cours car la ponctuation habituelle n'est pas présente mais mis à part ces (petits) détails, l'histoire est prenante, on vit au rythme de ce anti-héros qui essaye de rester fidèle à ce qu'il est.
Malgré son statut de tueur, on ne peut s'empêcher de ressentir de la sympathie pour Spademan. Un homme torturé par la découverte d'un bébé dans un sac poubelle et par la perte de sa femme lors des attentats quelques années plus tard. C'est aussi un homme solitaire qui a un seul véritable ami Mark.

Un roman déroutant au départ mais qui peu à peu nous prend dans ses filets et ne nous lâche qu'à la fin.