mercredi 10 juillet 2019

Waste experiment de Sophie Dabat

Hachette romans, 12 juin 2019, 480 pages, 
disponible au format papier et numérique


Rosalie est tombée amoureuse du garçon le plus populaire du lycée. Mais de reine, elle est devenue le souffre-douleur officiel, celle sur qui tous s’acharnent. Un jour, prise d’un accès de rage, elle attaque son principal bourreau… qui meurt sous ses coups.
La société veut faire de Rosalie un exemple. Mais si la loi la condamne à mort, elle lui offre une autre option  : l’enfermement dans un Waste, un no man’s land aux conditions de vie inhumaines. C’est ainsi que Rosalie est larguée dans la centrale nucléaire défectueuse d’Ake-Kule en Chine. Là-bas, elle doit se faire une place parmi les autres détenus et trouver de quoi se nourrir. Mais surtout, elle doit survivre aux radiations et à la violence omniprésente.
Alors que tout meurt autour d’elle, Rosalie décide qu’elle ne sera pas une victime du Waste et qu’elle ne partira pas sans se battre.  

Rosalie est une ado comme il en existe malheureusement tant, harcelée par ses condisciples.

Un jour, poussée dans ses ultimes retranchements, elle craque et tue sa tortionnaire.
Mais voilà, il s'agit de la fille de l'ambassadeur de Chine. Ce dernier fait pression sur la justice américaine et parvient à faire condamner la jeune fille à la peine de mort malgré son jeune âge.
Suite à l'intervention, entre autres, d'Amnesty International, la peine de mort est suspendue et la justice laisse deux choix à Rosalie : accepter qu'on lui prélève plusieurs organes, ce qui risque fort de la laisser comme un légume ou accepter d'être enfermée dans un Waste pour une durée de 20 ans.

Mais qu'est-ce donc qu'un Waste ?

Pour faire simple, il s'agit d'un lieu, bien souvent une ancienne centrale nucléaire, un site d'essais d'armes nucléaires ou autres, fermés pour causes d'accidents, de sécurité, de fuites radioactives.
Autant dire qu'une fois sur place, les détenus n'en sortent jamais vivants !

C'est là que décide la jeune fille de purger sa peine, ignorant, bien sûr, comme toute la population, les véritables conditions d'enfermement.

Rosalie est donc conduite - je dirai même plutôt larguée - au coeur de l'ancienne centrale nucléaire d'Ake Kule, en Chine.

À peine arrivée, elle va être directement confrontée à la violence.

Elle va être accueillie par Vassily, un médecin et Lyubo, un ancien employé de la centrale, restés sur place après l'incident qui a causé la fermeture de la centrale et l'irradiation de toute la zone.

Ils lui expliquent leur mode de fonctionnement : il y a d'un côté le Bloc, constitué des détenus volontaires, sains d'esprit et de meurtriers qui regrettent leur geste et de l'autre, les Solitaires composés d'individus asociaux, dangereux, déments.

Rosalie, regrettant son geste qui l'a conduite jusque là, intègre le Bloc et fait connaissance des autres membres.
Elle se lie particulièrement d'amitié avec Gail, enfermée pour un crime qu'elle n'a pas commis.

Va alors commencer une longue suite de jours, de semaines où la survie est le maître mot !

Contraints de consommer des aliments contaminés, cultivés, chassés ou pêchés sur place, la plupart des détenus sont déjà irradiés et condamnés.

Entre les menaces perpétuelles des Solitaires, les conditions de vie catastrophiques, le froid, la faim, le désespoir, Rosalie va finir par s'endurcir et lorsqu'un espoir leur est donné de peut-être sortir de cet enfer plus tôt que prévu, les instincts les plus bas vont ressurgir !

Je suis ressortie de cette lecture totalement bouleversée par le parcours de Rosalie qui, de l'adolescente anéantie qu'elle était en arrivant à Ake Kule, va devenir une femme forte, véritable guerrière, prête à tout pour défendre ceux qui vont devenir au fil des mois, sa nouvelle famille. 

Des conditions de vie inhumaines, une violence perpétuelle, un isolement total, une lutte pour la survie quotidienne, l'indifférence de leurs gardiens lors de leur visite trimestrielle, l'arrivée de nouveaux prisonniers - et pas souvent des gentils - , telles sont les situations que nous vivons au fil des pages.

Et tout cela est écrit avec tant de talent, de minutie, de vérité qu'une telle situation finit par ne pas nous sembler si invraisemblable.

En bref, une dystopie qui fait ressurgir le plus mauvais de certains êtres dit humains, où l'intolérance de la société est tout autant réelle que dans la notre mais qui nous apporte quand même une lueur d'espoir !  

Et finissons par une petite touche d'humour : Sophie a choisi un magnifique prénom pour son héroïne, non ?





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