mardi 30 décembre 2014

Les Crèvecœur /Romain/ d'Antonia Medeiros

Editions la Bourdonnaye, Broché 230 pages, 19 novembre 2014
Disponible en eBook


Le monde étrange dans lequel grandit Germain Crèvecœur est peuplé de silences, de secrets de famille, de chaussures usées qu’on adule, d’une Chinoise édentée cachée dans un placard et d’une tapisserie légendaire. Prisonnier de Romain et d’Édith – un père à la folie fétichiste et une mère à l’amour excessif –, Germain cultive sa différence et recherche dans l’amertume de sa jeunesse le bonheur et la force d’aimer. Son incroyable parcours fascine, de son enfance à son adolescence, de son apprentissage à la découverte de la sensualité, de l’horreur de la mutilation à la magie de la création. En cela, Romain a marqué son fils de son empreinte indélébile.

Entre passions et intrigues familiales, la saga des Crèvecœur est un hymne à la beauté féminine autant qu’un voyage dans le cœur meurtri d’un homme à la sensibilité unique, qui pensait soigner son âme au fond d’une bottine pour dame.


 ***Merci à Antonia Medeiros et aux éditions la Bourdonnaye pour cette lecture***

Dans le premier tome nous avions fait connaissance de Raphaël, le fils caché de Germain Crèvecoeur, l'un des plus grands créateurs de chaussures pour femme du XXè siècle. Germain Crèvecoeur avait été retrouvé pendu et avait légué tous ses biens à Raphaël qui ne savait même pas qu'il était son père. 
(Voir chronique ICI) (Soyez indulgents c'était l'une de mes premières chroniques) ;)
Dans ce tome deux, même si le livre est dédié à Romain le père de Germain , c'est bien à celui-ci que nous allons nous intéresser et ce, depuis son enfance jusqu'à ses 23 ans, au moment où il commence à être reconnu en tant que créateur de chaussures.

Déjà à l'école primaire, Germain a la sensation de ne pas exister, d'être une "erreur sociale" comme il dit. Intelligent mais introverti, il ne parle pas, n'a pas d'amis (ou si ! un seul : Louis un orphelin qui mourra de la tuberculose  alors qu'il n'a que 9 ans) .
Alors que sa mère, Edith, lui voue un amour inconditionnel, Romain, son "père" l'ignore totalement. 
L'histoire est narrée par Germain, et si j'ai bien compris, ce sont les carnets qu'il a laissé à Raphaël que nous lisons.
Il nous raconte ou plutôt, il raconte à Raphaël, comment il a découvert le secret de son père, son fétichisme pour les chaussures (et les pieds) et son cagibi secret dans la demeure familiale. Il nous explique comment et pourquoi il est parti seul à Paris pour fabriquer des chaussures pour femme.

Ce récit est tellement complexe et riche en détails qu'il m'est vraiment très difficile d'en faire un résumé cohérent.
Je suis en totale admiration devant le travail et l’imagination de l'auteur. A chaque ligne, je me demandais : << Mais où va-t-elle chercher tout ça ? >>
Il n'y a pas vraiment d'action, de rebondissements qui nous laissent béats et fébriles. Aucune romance qui nous transporte dans un doux romantisme mais l'histoire des Crèvecoeur nous tient en haleine d'un bout à l'autre. Certes, il y a des passages où le temps nous paraît long mais la plume d'Antonia Medeiros est tellement belle et recherchée qu'on reste scotché jusqu'au bout !
J'ai bien hâte de savoir ce qu'est devenu Raphaël et ce qu'il va faire de tous ses secrets de famille et toutes ses révélations.


Extrait :
Alors, vois-tu, moi j’étais le fils de ces deux-là. Le fils d’Édith et le descendant de Romain. Cette enfance fut un crève-cœur, ni plus ni moins, et je suis le digne porteur de mon nom. Voilà de quoi étaient faits mes parents, voilà de quoi je suis issu. Et avec cet héritage parental, il me fallait vivre, puis survivre et devenir. Je savais bien qu’il ne fallait pas faire comme eux, j’avais bien conscience de leurs erreurs, parce qu’on me les donnait en spectacle tous les jours. Mais cela n’a jamais signifié que je connaissais la direction à prendre. Je regarde aujourd’hui ces deux-là et je me dis que cette farce familiale fut un véritable gâchis. Je les regarde avec mon œil acéré d’adulte, rempli de haine et de jugements, et je me demande, à la veille de ma propre fin, si j’aurais pu faire autrement. Oui, c’est bien cela qui me chagrine, je me questionne, encore et encore. Moi, Germain Crèvecœur, aurais-je pu faire mieux que mes parents ? Je ferme les yeux, je prononce ton nom avec regret et je me demande quel père j’aurais été pour toi.


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