Éditions Blanche, 14 mai 2015 - Grand Format 477 pages
(disponible en format eBook)
C'est par choix et par amour que Pauline a accepté d'être la soumise de Julien : une relation hors norme dans laquelle elle puise les émotions intenses qui la comblent. Mais l'aventure prend une dimension bien différente lorsque son compagnon lui ordonne de partir pour un mois à San Francisco avec Pierre, son mentor, laissant derrière elle leur bébé âgé de quelques mois. Comment dépasser sa culpabilité de jeune mère ? Se montrera-t-elle à la hauteur des exigences de Pierre, un maître bien plus sévère que Julien ? Elle entreprend alors un voyage qui l'emmènera plus loin qu'elle ne l'imaginait, au devant de nouvelles épreuves redoutables et torrides. Un voyage qui lui fera aussi remonter le temps, jusqu'à vingt-cinq ans plus tôt, aux sources du lien sombre et puissant qui unit Pierre et Julien dans leur goût du plaisir et de la douleur. Un roman ensorcelant rythmé par des scènes extrêmement bien écrites et des études psychologiques passionnantes de l'héroïne et des protagonistes du roman. Un roman sans doute destiné à s'inscrire dans la lignée des textes références du genre.
**Merci à Olivia et aux Éditions Blanche pour ce roman**
Me revoici avec Pauline et Julien. Dans le tome précédent, Pauline venait d'annoncer sa grossesse à Julien.
L'histoire, ici, reprend au moment de l'accouchement. Or depuis que Pauline a mis au monde son petit garçon, la complicité et surtout les jeux entre le couple ont disparu.
Pauline ne sort pas de sa chambre, en pleine dépression post-partum, et pour Julien c'est intolérable. Il veut retrouver sa soumise d'antan et, pour cela, n'hésite pas à utiliser les grands moyens, à savoir, Pierre.
Ce dernier avait déjà fait des miracles par le passé avec le caractère tempétueux et rebelle de Julien, il est donc le plus à même à venir à bout de Pauline.
Voilà comment, par une simple transaction, une passation de bien, Pauline se retrouve échangée. Son nouveau maître, pour le mois à venir, sera Pierre. Elle devra lui obéir sans aucune restriction.
Pauline se voit donc quitter le Manoir, Julien et son bébé, pour un voyage d'initiation à San Francisco où nombre d'épreuves l'attendent...
Alors première chose à savoir, ce livre n'est pas à mettre entre toutes les mains.
C'est un roman DBSM, un vrai !
J'avais déjà lu quelques romans de ce genre (du moins je le pensais) avec E.L James, Tara Sue Me ou encore Maya Banks... hum et là, je rigole, car je me rends compte que ce n'est pas du tout le même registre ! C'est comme si, du bac à sable, on m'avait propulsée dans la cour des grands !
Heureusement pour moi, j'avais déjà lu le tome 1 du Manoir et je savais donc, plus ou moins, à quoi m'attendre.
Comme pour le premier volet, j'ai de suite été captivée et happée par l'écriture d'Emma Cavalier. Car c'est essentiellement de sa plume dont je suis fan, ça avait déjà été le cas pour L'éducation Sentimentale, et ça l'est encore avec cette nouvelle série. (Qui est pourtant bien différente)
Dès les premiers chapitres, Emma a su retenir mon intérêt et piquer au vif ma curiosité. Les phases de complicité entre Pierre et Pauline, où ce dernier se laisse aller, et relate à Pauline des moments personnels, intimes, de son passé de soumis (et de celui de Julien) sont incroyables. Je me suis sentie privilégiée de telles confidences. De plus, cela aide (beaucoup !) à faire passer la pilule de leurs propres agissements. Sans voir l'autre côté du miroir, mon regard aurait été plus intransigeant et dur (voire faussé) envers Pierre et Julien.
Alors qu'ici, le récit est construit et narré de façon si intelligente, que tout passe. Oui, c'est choquant ! Oui, c'est parfois dégoûtant (et la nausée n'est jamais loin) ! Oui, cela peut même être, quelques fois, révoltant pour le lecteur lambda (comme moi) mais, comme je l'ai dit, ça passe, et l'on se voit tourner les pages avec avidité.
Pas une seule fois je n'ai remis en question ma lecture, et pourtant j'étais très loin de ma zone de confort avec ce roman. Emma Cavalier a su trouver les mots, non pas pour me faire aimer (faut pas rêver non plus), mais à me faire accepter cet univers si déroutant.
C'est un échange donnant/donnant entre deux personnes consentantes où chacun y trouve son plaisir.
"Quand on est soumis, l'une des choses les plus merveilleuses, c'est l'attention constante dont on fait l'objet de la part des maîtres. Un bon maître surveille le moindre de vos faits et gestes. Pendant une séance, il ne vous quittera pas des yeux une seconde, il interprétera chaque regard, chaque soupir, pour vous guider sur le chemin de l'extase."
Elle nous explique par des mots qui ont su trouver écho en moi, que la pire des humiliations est notre détermination à juger vite et notre perpétuel regard critique :
"Je crois que ce qui est dégradant pour elle et qui la fait pleurer, c'est la manière dont tu considères ce qu'elle a accepté de faire. L'avilissement, il est dans le regard que tu portes sur elle, pas dans ses actes."
Au final, je peux dire, non seulement que j'ai aimé ma lecture, mais qu'elle m'a aussi - sans pour autant me faire apprécier ce monde - permise de mieux accepter et tolérer des actes et un mode de vie si différent du mien.
S'il y a un tome 3, je le lirai avec plaisir :)
PS : Bizarrement le personnage qui me trouble le plus dans cette histoire est Pauline. Elle m'intrigue et perturbe en même temps. Jusqu'où ira-t-elle ? Qu'est-elle encore capable d'endurer ? A-t-elle des limites ?
Et la grande question que je me pose, qui me titille énormément : que faisait-elle avant le Manoir ? Quelle était sa vie, son mode de fonctionnement ? Était-elle une gentille fille "vanille" ? Je doute...
Il y avait raison : j'avais une propension détestable, quand on me parlait de quelque chose qui semblait dépasser les frontières de l'horrible, à essayer de faire en sorte que cela m'arrive. C'est comme ça, on est masochiste ou on ne l'est pas.
Cliquez sur l'image pour accéder à la chronique précédente
Ce livre est un service-presse des Éditions Blanche
Et la grande question que je me pose, qui me titille énormément : que faisait-elle avant le Manoir ? Quelle était sa vie, son mode de fonctionnement ? Était-elle une gentille fille "vanille" ? Je doute...
RépondreSupprimerPour cette phrase de votre commentaire du livre d’E. Cavalier, j’avais envie de répondre : cette même question m’amène aux mêmes réflexions.
Je comprends que les avis sur cet ouvrage varient entre l’inacceptable, l’horrifiant, le troublant, jusqu’à ceux qui ont vraiment aimé prendre contact avec ce monde…
Quelques liens pour développer ce que je viens de dire :
http://songedunenuitdete.com/2015/05/26/legendes-du-manoir-de-emma-cavalier/
http://www.unbrindelecture.com/2015/06/le-manoir-tome-2-legendes-du-manoir.html
https://isaloredan.wordpress.com/2015/06/03/legendes-du-manoir-emma-cavalier/
Même familier de ce monde et de sa littérature je comprends que l’on ait du mal d’accepter tout ce que l’on lui faut subir, pour moi parfois plus dans l’esprit que dans l’épreuve physique.
Et je remercie l’auteur d’avoir éviter de passer en revue tout le catalogue des pratiques.
J’ai aimé ce deuxième livre et les qualités littéraires et psychologiques développées, mais j’ai surtout adoré le « Manoir » pour son énergie jouissive, pour cette ouverture sur ces pratiques et sur les personnages tant dominants que soumis, pour la liberté qu’ils prennent de vivre leurs fantasmes et leurs désirs ; je le conseillerais à la lecture en premier et peut-être de d’en tenr là ; les « légendes » devraient contenir cet avertissement : « à vos risques et périls »
Mais revenons à la question :
(une parenthèse : elle se pose de la même façon pour l’héroïne d’ « histoire d’O »)
Lors de la première entrevue qui aboutit à son engagement, Pauline, apprenant que les archives qu’elle va devoir aborder traitent des soirées SM du Manoir, demande à Julien sil prévoit sa participation à ces dernières.
On devine facilement la réaction et l’envie de Julien de lui proposer quelque chose.
Il aurait suffit d’une demie page (ou de préférence un peu plus) pour aller à la recherche de ses lectures (« Histoire d’O » en livre, BD, film, et autres), des jeux de l’enfance où l’on est parfois le maître, parfois le captif, de ses réflexions, de son éventuelle curiosité, pour comprendre son acceptation.
Une fois, j’en avais parlé de cela en réponse à un article sur ce livre, mais cela n’avait pas éveillé d’intérêt.
J’ai aimé votre article et je vous remercie d’avoir mis le doigt sur cette interrogation
harwey
désolé pour le bug : je voulais envoyer mon texte sur les Légendes du Manoir avec mon adresse email et non de façon anonyme.
RépondreSupprimerLà, je vais tenter le coup par la même voie
harwey3@gmail.com